Le 29 septembre 1992, Olympe
Ma très chère Gloria,
J'ai bien entendu ta prière et j'ai vu ton fils. Notre fils. Il n'a pas encore ouvert les yeux mais je sais déjà qu'ils seront comme les tiens : pétillants plein de vie et de joie, débordants de malice... C'est ce qui m'a tout de suite plu chez toi.
Je ne peux pas te dire quel sera son destin malheureusement. J'aimerais le connaître – il se pourrait qu'on m'en ait dit quelques bribes d'ailleurs – mais ce qui est dit sur l'Olympe, reste sur l'Olympe, un peu comme ce qu'on a fait lorsqu'on s'est donnés pour défi de faire le tour des lacs des Highlands dans ta vieille Dacia verte. Cette voiture aura toujours une place particulière dans mon cœur, je pense que tu te doutes pourquoi... Peut être que notre fils le comprendra aussi si tu décides de lui raconter comme on l'a conçu – et je ne doute pas qu'un jour tu cracheras le morceau, tu bien trop diabolique pour épargner même ton propre enfant avec les détails...
Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il aura de la volonté. Peut être pas toujours pour les bonnes choses, mais il ne manquera jamais de ressources lorsqu'il sera question d'acquérir ce dont il pense avoir besoin. A toi aussi, cela te fait penser à quelqu'un ? Je crois que je n'oublierai jamais le jour où je t'ai surprise à voler un pack entier de bière en le mettant sous ta robe pour tenter de te faire passer pour une femme enceinte. Ma petite voleuse avec ta frange en bataille et tes yeux brillants qui me mettaient au défi de te dénoncer alors que le caissier te regardait faire depuis le début.
Tu me trouves niais ? Un peu oui, mais c'est l'émotion. Être père, même pour la millième fois, ça reste toujours un événement important et émouvant. Oui, ok, ça manque de classe. Mais je n'accepterai aucune remarque de la part de la championne en titre du rot le plus puissant de Glasgow.
Je vais conclure cette lettre en te disant que j'aurai aimé être auprès de toi au moment de l'accouchement. J'ai entendu tes insultes depuis l'Olympe et même là, je suis resté amoureux de toi. Et ne t'en fais pas pour notre fils : il s'en sortira toujours. Il aura des problèmes – ce n'est pas notre enfant pour rien – mais il est comme sa mère : plein d'imagination. Et rapide comme son père accessoirement.
Repose toi bien ma Gloria et embrasse Will pour moi.
Je vous aime,
Hermès.
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Le 16 mai 1995, Glasgow
Madame McBride,
La crèche « Les petits patapons » et moi-même avons le regret de vous annoncer qu'à compter d'aujourd'hui, votre fils Will McBride, ne sera plus accepté au sein de notre établissement.
Il s'est avéré que notre équipe pédagogique ne disposait pas des compétences pour s'occuper d'un enfant ayant des troubles hyper-actifs aussi importants que ceux du votre.
Croyez, madame, que nous sommes aujourd'hui encore terriblement navré de l'épisode facheux de la semaine dernière, lorsque Will a su échapper à la surveillance de l'assistante maternelle responsable de lui pour aller se faufiller en dehors du bâtiment de la crèche et revenir 2 heures plus tard avec un saucisson du boucher du coin coincé dans sa couche.
Nous sommes tout bonnement dépassés. Nous ne parvenons pas à communiquer avec votre fils qui semble ne jamais parler la même langue d'un jour à l'autre. Il vole tous les jouets de ses camarades, malgré la prudence de notre équipe. Récemment, il a réussi à dérobe les boucles d'oreilles et les bagues de l'une de nos intervenantes. Nous avons, fort heureusement, tout retrouvé dans sa couche avant qu'elle ne porte plainte, mais le mal était fait. Et il n'a que 3 ans.
Madame McBride, pour notre bien à tous, je vous recommande chaudement de vous adresser à un établissement spécialisé dans la gestion et la garde d'enfants hyper-actifs. Nous, nous ne pouvons plus rien pour vous. Si votre fils reste avec nous, je crains que l'ensemble de l'éuipe de la crèche ne décide de démissionner.
Bien à vous,
Madame Ennoch, directrice.
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Le 9 novembre 2001
Sally, jolie Sally,
Tes yeux sont brillant comme une arc en ciel,
Quand je te vois, j'ai le cœur qui bat très fort comme un tractopelle,
J'ai très envie que tu sois mon amoureuse à moi,
Je sais que tu es déjà amoureuse de Cullen mais il est pas gentil avec toi
Je pense que Cullen est un nazi
Les nazis sont pas gentils aussi, c'est ma maman qui me l'a dit
Alors que toi tu es très gentille
Et j'aime bien quand tu souris
Tu a la peau douce comme de la mousse et comme un ours
Je t'aime
Will
PS : tu peux me donner un de tes dragibus s'il te plait ?
(version corrigée)***
Le 17 avril 2006, New York
Madame McBride,
Suite à une énième infraction au règlement du collège de la part de votre fils Will McBride, le conseil de discipline a voté pour l'interdiction ferme et définitive pour ce dernier de se rendre à tout rassemblement organisé par l'établissement.
Cette décision fait suite au mouvement de foule récemment provoqué par votre fils au cours du match de football du 15 avril, après qu'il ait entamé ce qu'il a lui-même décrit comme étant un « pogo général ». Ce petit jeu se sera soldé par la mise en suspens du jeu, suite à la chute de l'un des spectateurs ayant été littéralement expédié sur le terrain après être tombé des gradins.
Madame McBride, j'ai bien conscience que votre fils vient tout juste de nous rejoindre et que la transition entre sa vie en Ecosse et sa vie à New York n'est pas simple. Mais il faut également que vous compreniez que les professeurs sont dépassés. Will éprouve de grosses difficultés à lire correctement et même, parfois à s'exprimer. Plusieurs fois, l'équipe enseignante nous a fait remonté que durant leur cours, Will se mettait subitement à s'exprimer dans une langue étrangère. Il a notamment traumatisé son professeur de mathématique en répondant à toutes ses questions dans un allemand qu'elle a jugé extrêmement agressif avant d'entamer dans un russe parfait l'air de l'hymne soviétique pendant qu'elle pleurait en se bouchant les oreilles.
Vous trouverez ci-joint les coordonnées d'un établissement spécialisé dans l'éducation des dyslexique. N'hésitez surtout pas à les appeler.
Bien à vous,
Monsieur Hammilton, directeur.
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Le 23 juillet 2009, Staten Island
Chère madame McBride,
J'ai le plaisir de vous annoncer que Will s'est parfaitement intégré à la colonie. Vous m'aviez fait part de votre soucis avant de me le confier mais sachez qu'il est entre de bonnes mains.
Will a l'art et la manière de se faire remarquer, je ne vous le cache pas. Il a déjà sympathisé avec de nombreux autres demi-dieux du camp, s'est attiré les foudres de beaucoup d'autres, mais parvient toujours à se tirer d'affaire avant que je n'ai à intervenir.
Son apprentissage à nos côtés se déroule très bien. Il n'est, certes, pas un adepte de toutes les matières disons cérébrales, mais ne manque jamais un seul cours de maniement des armes et s'est révélé surprenamment habile armé de poignards. Selon ses propres mots, il ''s'éclate à mort'' et se sent comme ''un pur BG''.Je pense que c'est plutôt bon signe. Tant qu'il ne ''s'éclate'' pas trop en dehors du camp.
Comme promis, je vous enverrai aussi régulièrement que possible des nouvelles mais ne vous en faites pas trop madame McBride : Will est entre de bonnes mains ici. Il saura s'épanouir parmi les autres demi-dieux. Et même si les Arès ont déjà promis d'avoir sa peau après qu'il ai tartiné la porte de leur dortoir de morve de pégase, il est de notoriété publique qu'il court assez vite pour semer n'importe qui, même le plus enragé des guerriers...
Avec toute mon affection,
Chiron.
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Le 18 février 2012, Camp Grec
Au très estimé Primus Pilus du Camp Romain,
Je vous transmets ce message afin de vous informer qu'il a récemment été établi que l'enfant d'Hermès dénommé Will McBride se chargera désormais de la transmission des missives et colis à caractère important et/ou urgent entre nos deux camps. Ses dons font de lui le candidat idéal pour cette mission. Je me porte garant de son professionnalisme, vous pouvez vous fier à lui comme vous le ferez avec moi. Il est le demi-dieu le plus rapide et intuitif qu'il m'ait été donné de rencontrer depuis longtemps, il ne faillira pas.
Je vous transmets également ci-joint la liste des derniers demi-dieu grecs ayant quitté le camp et soupçonnés d'avoir rejoint la rébellion. J'attends la votre, vous pourrez la remettre à Will en guise de test. Vous ne serez pas déçu.
Avec toute mon amitié,
Chiron.
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Le 30 août 2014, Staten Island,
Cher Doug,
J'ai bien reçu ta lettre et j'ai bien réfléchi à ce que tu m'as demandé. Pour moi, c'est OK. MAIS, à quelques conditions :
tu ne feras jamais de mal à ma mère, que ce soit physiquement, mentalement ou en l'explosant pendant une partie de jeu vidéo
le jour J, tu accepteras qu'elle porte une robe aux couleurs de l'Ecosse comme elle a toujours rêvé de le faire, et si tu trouves que c'est moche, tu diras rien quand même
le jour J, j'aurai le droit de jouer « My heart will go on « devant tout le monde, sans m'interrompre et tu arrêteras de me filmer si je me mets à pleurer d'émotion pendant le morceau
tu ne te plaindras jamais quand ma mère voudra regarder des épisodes de Queer's Eyes et tu les materas tous avec elle sans exception, même en cas de décès prématuré
et SURTOUT si un jour il arrive que par malheur je chute sur ta fille et qu'elle se retrouve comme par hasard avec ma langue dans sa bouche, tu ne diras rien en nous voyant achever cette épreuve en maxi pelle de la mort qui tue.
Si tu acceptes de te plier à toutes ces conditions, tu auras le droit d'épouser ma mère. Évidemment, la condition suprême qui dépasse toutes les autres, c'est que tu la rendes heureuse tous les jours. Mais ça, de toute façon, si tu le fais pas, je t'aurai surement tué avant que tu aies le temps de rectifier le tir. Et vu comme tu es parti, je pense que j'ai pas grand chose à craindre à ce niveau là.
A plus Doug, embrasse ta fille pour moi (en tout bien tout honneur)
Will
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Le 1 mars 2019, Staten Island
Coucou Maman,
Désolé de pas être rentré à la maison ce week-end, c'était un peu la folie au camp ces derniers jours et j'ai eu beaucoup de boulot. Je pense que t'as vu les infos : Meghan est morte. Et je suis super triste. Je la connaissais pas super bien, mais je me souviens qu'on est arrivé à peu près en même temps au camp. Et franchement maman, elle était super intelligente. Pas juste parce que c'était une fille d'Athéna, c'était plus que ça : elle avait l'esprit malin des Hermès aussi. Moi je pense qu'elle était un peu leg dans le fond mais c'est sûrement trop tard pour le savoir...
Quelques jours avant qu'on retrouve son corps, les autres du dortoir des Hermès m'ont proposé de devenir le leader mais j'ai refusé. Je pense pas que je sois assez blindé pour ça. Et puis si je deviens leader des Hermès, je vais devoir quitter mon poste de coursier et ça je peux pas, surtout pas en ce moment. Il y en a peut être dans le camp qui court vite, mais aucun ne sprint et évite les monstres comme moi. Depuis quelques temps, je m'entraîne pour éviter d'autres types de créatures, pas uniquement les monstres : pour ça, j'énerve des Arès et je me planque pendant quelques minutes. Dès que je suis sûr de pas savoir où ils sont, je me donne un lieu à atteindre et j'essaie de laisser mon don me guider sur le chemin où il y aura pas une seule personne qui a envie de me buter. Ça marche moyen, mais je sens que mon instinct s'affine et ça me rassure : ça veut dire que c'est susceptible d'évoluer, même si c'est long.
Je vais pas te mentir maman, j'ai un peu peur. Pas trop pour moi, parce que je sais comment passer au travers des ennuis, mais pour les autres aux camps grecs et romains. Ça sent le caca cette histoire, encore plus depuis qu'Augustus, l'oracle des romains a disparu... J'espère que lui on le retrouvera en vie. Sinon... Je sais pas trop ce qu'il va se passer.
Tu vois, je suis plutôt content de pas avoir parlé à mes frangins et frangines de mon plan de retour au bercail. Si je leur avais balancé que je compte rentrer en Ecosse d'ici la fin de l'année, ça serait pas du tout passé... Mais bon, avec tous les événements du moment, l'Ecosse ça attendra. Ils ont besoin de moi ici, je peux pas me défiler, même si Glasgow me manque de plus en plus.
J'espère que toi tu vas bien et que Doug ronfle moins la nuit. Un des enfants d'Hypnos du camp m'a parlé d'un super médoc contre ce genre de truc, je lui demanderai le nom exact pour que tu sois plus obligé d'étouffer à moitié le pauvre DougDoug toutes les nuits.
Je t'aime maman, fais attention à toi,
Willou